L’été dernier, un train est parti vers la Bretagne avec nos vélos et nous dedans.
Du Mont-Saint-Michel à Kerlouan, nous avons longé la mer, ses vagues.
Ce texte est la trace d’une rencontre avec un paysage sauvage et majestueux qui, à force de défiler sous nos pneus, nous est rentré dans la peau : cinq cents kilomètres de beauté brute.
au pied du Mont, départ en brise fraîche, deux roues pour toute monture et trois côtes pour horizon : l’une monte la colline, l’autre longe l’eau et les nôtres, endolories : se reposeront-elles enfin sous la pierre froide de cette chapelle perdue comme nous au petit matin par tant de soleil et de route jusqu’à la prochaine falaise où les pieds dans le vide nous guiderons les bateaux pour qu’ils accostent à bon ker et à bon port si Dieu le veut : Cancale Erquy Binic Tréguier peut-être même Kerlouan Kerlouan où saignent nos doigts rouges encore de granit rose assoiffés d’aller plus haut et affamés de sel : celui de la mer du caramel et des gouttes de sueur qui tombent sous des kilomètres de cobalt : ce ciel lézardé de nuages qui pèse sur le train du retour (la mer à notre gauche désormais de plus en plus petite derrière nos cœurs vides fatigués)
Le premier fragment de ce texte est paru en septembre 2021 aux éditions Pippa dans le recueil collectif Haïkus de Bretagne ; le texte dans son ensemble est paru dans Fragile, où l’on trouvera d’ailleurs aussi les excellents poèmes de voyage à vélo d’Alban Kacher.