va-t-il sans dire
que je ne dirai rien
et me calfeutrerai
dans l’élégance du silence

recroquevillé
dans un petit coin
je pétrirai une boule au creux de mon ventre
et je la nourrirai amoureusement

puis cette boule
va-t-il sans dire
je la chierai
solennel et discret
je la chierai dans l’humble solitude
de l’homme assis au-dessus du vide
comme une figure de Giacometti

après quoi
cette boule de merde
va-t-il sans dire
je plongerai mon bras dans la cuvette
je l’extirperai à pleine main
je sortirai dans la rue

et je la jetterai contre un mur bien blanc
et j’attendrai qu’elle s’écoule
jusqu’au sol
jusqu’à ce qu’il ne reste plus sur le mur
que des noisettes entières de merde
qui cachent sous leur coque
des grenades de diamants
et des fruits de la passion

alors il va sans dire
j’aurai parlé